Nous rencontrons dans la vie des personnes qui viennent nous transmettre un message.
Elles ne sont pas si nombreuses que cela, mais elles savent trouver le moment idéal, discret, pour nous rappeler qu’il est important de respecter le règlement qu’ils ont eux-mêmes fixé.
Appelons-les : les présidents.
Il en reste quelques-uns.
Il faudrait par exemple accepter de faire le boulot qu’on nous impose de faire sans avoir à discuter des conditions, — oui, osons le mot —, financières. Ah, mais, vous rigolez ! Il n’y a pas de possibilités d’obtenir le moindre centime supplémentaire. Alors, c’est simple : réduisons notre activité. Mais, vous rigolez ! Ce sont les salariés qui le réclament. Alors, c’est qu’on ne leur a pas bien expliqué quelle était la mission qu’ils étaient censés remplir en tant que fonctionnaires, par exemple, à savoir, au hasard, soigner dans un hôpital, nourrir dans une cantine, réduire les dépenses dans les trous à budgets du type cocktails, conseils municipaux dans les châteaux, enseigner dans les écoles, et non, pourquoi pas, faire psy, éduc, flic, responsable des plateformes WEB, jardinier, laveur de carreaux, et tout ce que n’a pas envie de faire un directeur.
En voilà un, d’ailleurs, qui vient de piquer sa colère.
Ouiiiii, vous n’avez pas fait ça. Et moi qui pensais que ce PrÔjET vous intéressait ! Mouhahaha. Et quel projet ! Celui du directeur ! Sorti d’on ne sait quelle pochette surprise, fruit de toutes sortes de formations des chefs, — on dit même « managers », maintenant, comme si le concept de détruire la démocratie ne pouvait être qu’anglo-saxon —, où l’on pond des méthodes de gestion du personnel avec, surtout, ne laissez jamais la démocratie décider, en mode lesson one, et faites valider ça par un comité de pilotage pour lequel nous vous donnerons notre fameuse liste de membres sélectionnés sur le volet. Vroum-vroum, le projet. Talactatoum, un peu en retard, parce que c’est la fête des chefs en ce moment et qu’il est difficile d’obtenir la fameuse signature des élus. Et que nous dit-on ? Qu’il n’y aurait pas de demande particulière venue du sommet de la hiérarchie. Ah oui ? Et mettre un avis défavorable à un agent compétent ? Vous l’avez trouvé tout seul ou on vous a demandé de le faire ?
Pas de réponse.
Ce que vient nous dire ce directeur lorsqu’il nous siffle à la manière d’un laquais du dix-neuvième siècle est finalement très simple : on s’en fout des lois, parce que, ici, on fonctionne à la règle. Vous vous souvenez ? La loi et la norme. Il faut ajouter la règle. C’est important. OK dans l’entreprise d’à côté, mais, ici, ça fonctionne autrement. C’est moi qui décide. C’est la règle. Intérieure. Imposée. Inespérée. (Pour les apprentis dictateurs). Chez moi, les salariés font ça, ça et ça, et ça fonctionne très bien. Pourquoi ne feriez-vous pas pareil ?
— Parce qu’il n’y a pas de réunions durant lesquelles nous aurions décidé qui fait quoi. Et moi, si c’est en dehors de mon contrat (soigner, nourrir, enseigner, jardiner, etc.), je ne le fais que si j’ai le temps, si je suis motivé, si la « mission » est en accord avec mes valeurs et si, accessoirement, — on est tous un peu cupide lorsqu’il s’agit de se loger —, je suis mieux payé (voire, autant que vous). Après, vous pourrez toujours tenter de me l’imposer, mais faites-le par écrit, s’il vous plaît, et ne vous étonnez pas si le lendemain vous recevez un arrêt de travail, signé d’un sigle et d’une orientation politique qui rime avec « ne vous inquiétez pas ». Car, si, dans une équipe, vous ne fédérez pas un élan démocratique, non seulement la personne nommée n’aura aucune légitimité, mais en plus, elle ne sera pas forcément la plus compétente. Et ça, c’est votre responsabilité, en tant que chef de service.
— Ouiiiii, mais si tout le monde vote, ce seront toujours les mêmes qui se présenteront et qui influenceront les collègues par des campagnes d’opinion (sous-entendu : les syndiqués).
— Et bien, oui. Pourquoi pas ? S’ils ont l’expérience, les compétences, la bonne fonction (représentant) et l’envie. La boîte tournerait mieux, et on arrêtera d’enchaîner les erreurs, à commencer par celle qui consiste à confondre les personnes responsables du marasme duquel nous essayons de nous sortir. Car, si vous reproduisez le système qu’on vous impose autoritairement, même inconsciemment, vous êtes ce qu’on appelait jadis, avant les managers, un collaborateur.
Alors, un mot : VOTEZ.
Les représentants.
Les budgets.
Les PrÔjETs.
Les missions.
Les fonctions.
Les salaires.
Et si vous ne pouvez pas le faire dans votre service, exigez que soit mis en place un moyen qui vous le permette.
Peu importe le temps que ça prendra.
Vous aurez déjà désiré un autre mode de fonctionnement.