Raconter comment l’abondance fait irruption serait à nouveau rester dans un mode de focalisation que j’ai tenté toute ma vie de transformer un peu, non pas qu’il ne produisait plus rien, mais parce qu’il semblait que ces récits avaient déjà été à de nombreuses reprises relatés. Un effort a été réalisé pour imaginer de tout cela une sorte d’origine et un fil conducteur. Cela n’est pas fait pour perdre, mais pour justifier, et ce n’a de conséquences que sur une réalité propre. Il y a des sujets sur lesquels il n’y aura jamais aucun mensonge. C’est l’honnêteté de dire qui est en jeu. De cela découle l’honnêteté de faire. Au moment où se pose encore la question d’un plus bel environnement global, le choix se détermine au niveau de la conviction intime. C’est un tout opérant. Il n’y aura de trace de cela que la manière avec laquelle la globalité s’est pensée et comme, au fur et à mesure, elle s’est construite. Cela n’appartient à personne d’autre qu’à vous.
On se dit que ce n’est pas le moment, qu’autre chose est en cours, mais on cède tout de même. Et on regrette, car le miroir que cela nous renvoie ne fait que s’effondrer quelques convictions qui se formaient. Il y a d’autres alliances à penser. Elles sont en cours de mobilisation. Elles nécessitent du temps d’imprégnation. Sinon, on laisse faire des figures qui pourraient claquer la porte comme un courant d’air dès qu’une opportunité se présente. Je sais que je me suis infligée une situation très particulière. C’est à cause d’une énergie qui a trop longtemps été retenue. Cependant, il se passe exactement ce que je prévoyais. L’attention nécessaire pour se mettre, en quelque sorte, à disposition, n’est pas suffisamment à la mode pour conduire à ce qu’il y a de plus juste dans l’édification d’une perception différente de celle souvent calquée sur ses propres intérêts. On pourrait vite conclure que c’est le mal du siècle, mais ce serait ne pas prendre en compte tous les paramètres, comme les âges, par exemple, qui distinguent les différents protagonistes. Tout, de ce que je perçois dans ce domaine, sent la poussière et la toile d’araignée. Cela provoque des indignités dont celles et ceux qui les propagent n’ont évidemment pas conscience. Nous sommes toujours sur les questions de privilèges. Si nous avions passé notre vie à écouter la loi des principes, nous serions toujours à nous morfondre de ne rien avoir réussi à réaliser de nous-mêmes. Bien sûr que je reconnais cette désolante consternation. Bien sûr qu’elle me dicte une attitude que je me dois d’observer. Parce que la nécessité de lutter contre cette permanente tendance est encore d’une cruelle actualité. Voyez comme on continue encore d’envoyer sur les roses, de balader d’un revers de main la notion pourtant facile à comprendre d’altruisme, de ne faire que nourrir un sentiment d’exclusion qu’on impose même à ses proches. C’est la plaie de notre lien social. C’est ce remède que nous apportons.