C’est toujours un peu ça qui se passe. La coïncidence. Ces histoires qui arrivent à ce moment-là. Pour signifier. C’était peut-être s’être imaginé trop tôt dans la vie. L’envie de tout jeter. Pour recommencer. Il n’y aurait plus rien d’hier. C’est un nouveau jour. Regarder, tout simplement, comme tout s’est fait. Puisque tout va s’effacer. Tel qu’on aurait besoin de le dire. La puissance d’un événement. L’instabilité, à l’œuvre. C’est un chantier permanent. Il est strictement interdit de penser à l’avant. On ne le voit pas. Ça disparaît au fur et à mesure. Comme un jeu. Comme un exercice. Comme on l’a senti ce jour, un pas de plus vers la beauté poétique. Pour n’avoir rien tenté de mieux. Parce qu’il ne s’agit que d’aller de l’avant. Et d’ailleurs, remarquez ce qui ne convient plus. Les dates. Elles sont stériles. Elles ne disent plus rien. On s’arrêterait à l’éphéméride du quotidien, mais ce que nous voyons, ce sont les trous, les jours où il n’y a rien. Ce que nous devons en penser est très simple. Bien sûr que nous savons de quoi nous parlons, et à qui nous nous adressons. Regardons-nous dans le blanc des yeux. C’est l’aveu. Flagellation de l’esprit. Réunion d’urgence. Il y a danger. Une petite musique d’ascenseur passait dans vos oreilles, et tout à coup, alerte rouge sur l’échelle des horreurs, c’est le cauchemar en plein jour, la vie réelle.
De nouvelles mesures ont été prises. C’est un choix collectif. Ce n’est pas définitif. Il suffit de se donner de temps en temps l’occasion d’en évaluer les principes. Ils sont simples. On ne reproduit pas les erreurs du passé. On ne consomme pas l’énergie qu’on n’a pas. Stocker, c’est l’acte fondateur. Après, on agira.
Ce que vous lisez est arrivé. Il ne s’agit pas d’une bombe atomique qu’on aurait vue venir avant tout le monde, ni d’un voyage intersidéral qui, de toute façon, aura lieu. Ça commence par quelques mots. Une description. On dirait presque un clown. Avec un pantalon rouge, une belle chemise, une belle cravate, une belle veste. Il est épuisé parce qu’il est en cours de programmation. Je-Vais-Bien-Tôt-Par-Ler-Co-Mun-Nor-Di-Na-Teur. Le plus grand nombre d’informations possibles à la seconde. L’humain ne supporte pas. L’humain actuel ne supporte pas. La plupart des humains, actuellement, ne le supportent pas. Mais il y en a quelques-uns. On les a choisis. C’est la future élite. Ils sauront analyser la situation en quelques secondes. Danger. Détruire. Voici le camp de l’opposition. C’était terriblement angoissant. Les machines n’étaient pas d’accord. Un problème sur le réseau. Il y a des personnes qui tentent de détourner le système. Attention à la marche en descendant du train. PLUS FORT. On n’a pas entendu. Oui, c’est terrible. Il y a des marches. Il y a des rues à traverser. Il faudrait attendre qu’on nous autorise, mais voilà, c’est raté. Cette fois-ci, encore. Game over. Nous voulons cela. Être précis. Au point où en plus des dates, on ajoute l’heure : 20h02. Aller au bout. Après, c’est ce qu’on attendait de pire. Les voitures se réunissent dans la cour. Que des berlines noires. Ils arrivent avec les gros dossiers. Ce n’est pourtant pas compliqué. Il suffit de les identifier, puis de les isoler. Non, non, ne posez pas encore de questions. Le point presse aura lieu aux jours ouvrés. Pour le moment, c’est le service de nuit. Urgence. Balançons tout. Ils brasseront. Pendant ce temps, on corrige. C’est bourré de défauts. Les corps inexpressifs se présentent raides comme des piquets. Je-Vais-Bien-Tôt-In-Ter-Ve-Nir. Super. Il suffira de tendre le bras et d’appuyer sur un bouton. On les a vus se déployer dans ce quartier (Ils montrent une carte). Il suffira d’attendre qu’ils sortent. On les choppe à la sortie de leur immeuble. Vous ne vous rendez pas compte de l’ampleur des événements. C’est trop tard. Si nous vous réunissons ce soir, c’est pour vous dire cela. Ah, mais cessez immédiatement ! Et puis, on ne vous a pas autorisé à vous exprimer. Ils se sont peut-être dit exactement au même moment où nous avons pensé que nous allions les manipuler qu’il allait falloir contrer tout ce qui se prépare. On avait mis des armées partout, mais eux, ils ont bossé aussi. Vous pouvez essayer de tirer avec vos armes. Nous nous sommes esquivés. Déchirez ce que vous considérez comme un torchon. Il y en a mille ailleurs. Certains sont juste déposés sur des bancs pour entrer dans le cycle des hasards. Il n’y a même pas de numéro de téléphone. Au mieux, un « rejoignez-nous » et l’adresse d’un site, mais tout est virtuel. Le site est protégé par une organisation. On ne sait pas à qui il appartient. Oh ! Les services secrets ! Dites-moi que c’est une blague et que vous allez en moins de quelques minutes me sortir l’identité de la personne responsable de ce marasme. Euh… Désolé… Mais il y a quelque chose qu’on n’avait pas prévu. Viré sur le champ. On n’a pas besoin de s’encombrer avec des détails. Ça se propage. On appelle ça un virus aussi. Mais Cette-Fois-Ci, Dans-Le-Sys-Tème. Voilà de quoi nous parlons. Ça ressemblait à un message lambda. On voit défiler le nombre de vues, de partages, de commentaires. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Pour le reste, on n’a aucune donnée. Viré. Réunion immédiate. Stratégie et communication. On n’a qu’à dire que ce sont les russes. Viré. C’est une société qui s’organise comme la nôtre. Ils placent des marionnettes dans la sphère publique, mais on ne sait pas qui tire les ficelles, ni qui tisse les pièges. Vir… ATTENDEZ ! Attendez seulement la fin du raisonnement. Puisqu’ils sont comme nous, ça veut dire qu’ils utilisent certainement des stratégies qui ressemblent aux nôtres. Des comptes publics, mais tout est faux. Des actions, mais tout est bidon. Voyez-vous, il y a un marqueur nécessaire. Ils ont besoin de s’identifier. Ils sont forcément plusieurs. Ce qui veut dire qu’il suffit d’un mot-clé pour se comprendre. Comprendre un rendez-vous fixé. Comprendre que l’on s’adresse à la bonne personne. Du coup, il ne faut pas se laisser intimider. Considérons cela comme un appel à négociation, et négocions. Sur leur terrain. Puisque c’est leur histoire. Once upon a time. Racontons aussi. Rendez-vous dans un parking à l’américaine. La voiture arrive en crissant des pneus. Les néons sales et à moitié décrochés clignotent aléatoirement. Il y a des flaques d’huile au sol. Ils ont un otage qu’ils tiennent en joue. On jette un gros sac de sport au sol et on le pousse avec le pied. Ils en vérifient le contenu. Ils libèrent l’otage. Tout est fini. On s’évite la course poursuite à cause des chaînes d’info en direct. L’otage parle. C’était terrible. Ils étaient des milliers. C’était comme dans un stade. Ça n’arrêtait pas de bouger. Une course effrénée. 21h04. Plus d’une heure déjà. Nous ne sommes pas assez performants. Demain, c’est la une de tous les journaux, et on n’a aucun élément tangible. On ne fait que formuler des hypothèses. On se pose les questions à soi-même avant de s’endormir en espérant que l’inconscient fera le reste. Parce qu’en fait, c’est très simple. Voici la révélation. On se demande comment on va pouvoir remplacer celui que tout le monde vénère, mais il n’y a pas encore de lois concernant une éventuelle succession. Il n’y a pas de lois du tout. Tout était là, comme ça, déjà organisé. On arrive dans une machine et tout est en fonctionnement. Il n’y a pas de mode « arrêt d’urgence ». C’est la continuité perpétuelle. C’est comme Dieu alors qu’on pensait qu’il n’existait pas. Il est révélé en direct. Ni début ni fin. Ne cherchez pas plus loin. C’est une distraction de l’esprit. On mobilise des moyens, mais on n’est tout de même pas stupides. Il faudra payer. Il faudra faire ce que le banquier faisait. Bien sûr, cher ami, voici un crédit pour la vie. Et pendant ce temps-là, le banquier s’enrichit. Mais nous l’avons intégrée, l’inversion de la norme. Le Patron, c’est nous. Le Banquier, c’est nous. C’est très simple. Taux d’usurier appliqué à nous-mêmes. Problème économique définitivement réglé. Mais vous n’êtes plus assurés ! Who cares. Nous prenons la mesure du danger. Parce que le risque vaut la peine. Sans module complémentaire. À l’expérience. Au ressenti. C’est ainsi que cela se présente. Nous sommes les meilleurs spécialistes, les experts les mieux formés. C’était difficile, mais nous ne le regrettons pas. Comptez tout ce qui a été dépensé. Vous ne trouverez aucun équivalent. Et ne vous demandez pas qui tient le mégaphone ou qui hurle dans la cour. C’est trop tard. Les décisions sont prises. Ce n’est qu’un représentant. Lui aussi prend une responsabilité, mais l’identité fondamentale est ailleurs. Elle vous échappera toujours. Enfermez-le et il en surgira dix parfaitement identiques. Ce sont les clones de la pensée. Ils s’installent devant les caméras pour faire le buzz. Ils écrivent partout sur la terre. Ah ben oui, tout est archivé. C’est même la première chose à laquelle on a pensé. C’est peut-être moins sexy que vos références obligatoires, mais à partir du moment où nous avons mis en action notre théorie, il ne pouvait y avoir de généré que ce que nous avions projeté. Dématérialiser d’un côté. Rematérialiser de l’autre. Les liens se sont établis. Arrêtez-les ! Personne ne comprend ce qu’ils sont en train de dire. Sauf qu’à présent, c’est vous qui allez suivre nos ordres. C’est bon. On a assez donné. Il aurait fallu constamment singer. Il aurait fallu faire comme on avait toujours fait. Il y avait des circuits à respecter. Une hiérarchie permanente, omniprésente. Et toujours les mêmes questions banales. Mais enfin, il faudrait presqu’écrire une théorie pour justifier pourquoi on met une virgule ici et un point là. Ça va bientôt s’arrêter. On a fixé une limite.
Parce que c’est l’heure du bilan. On sait très bien ce qui s’est passé. Il y a un conflit intérieur et il s’exprime avec empressement. Au début, il hésite, il semble ne pas vouloir s’inscrire dans le récit, puis, il n’arrive plus à se retenir. Et c’était ça qu’il aurait fallu apercevoir au lieu de venir nous raconter vos salades. Le compte à rebours est enclenché. Save as.