Notre histoire récente nous a donné l’espoir qu’aucun totalitarisme ne pourrait désormais plus s’installer à la place du pouvoir. La fin de la dictature révèle la pluralité des opinions à l’intérieur du corps social. Afin d’en assumer les conséquences politiques, il a été décidé de mettre en place un Observatoire pour le Fonctionnement des Partis (OFP).
L’OFP s’engage à analyser les prises de décision concernant aussi bien les directions que tous les adhérents. Son objectif est de mettre en lumière la présence de différents courants d’opinion et de leur donner une parole publique par la simple observation des systèmes.
La première réunion à laquelle l’OFP a assisté s’est tenue le lundi 4 janvier 2016, à 20h00, au siège des Royalistes.
La direction réunissait ses adhérents afin de dresser un bilan des activités du parti. Une nouvelle personne a été intégrée à l’équipe administrative. C’est une femme. Elle semble s’être adaptée à l’environnement machiste et ne fait que discrètement sourire quand le responsable financier lui rappelle incessamment qu’il la paie 3OOO EUR par mois (ce qui est faux) et qu’il attend d’elle qu’elle fasse du bon travail. Tout ceci ne témoigne pas d’une avancée en matière d’égalité de traitement au sein du parti.
Il y a toujours eu ceux qui décident et ceux qui exécutent. Ceux qui détiennent le pouvoir et ceux qui ne l’ont pas.
Rappelons qu’il y a quelques années, le départ précipité d’une collaboratrice avait plongé les adhérents dans la stupeur car il révélait à la fois la suprématie patriarcale et le silence dans lequel s’était enfermée une victime de harcèlement constant. L’arrivée d’un collaborateur avait été soumise à une veille citoyenne qui avait pris la forme, à la demande des adhérents, d’une représentation élective. La direction avait alors cédé à cette représentation le soin d’organiser le lien social, mais après quelques mois de “repos” pour soi-disant prendre du recul, la direction avait repris violemment les rênes du pouvoir en divisant le corps social grâce à une technique reconnue d’inutilité publique : la flagornerie de la faiblesse et le mépris de l’excellence. Les représentants ont jeté l’éponge. Ainsi, la direction s’est reconstituée à partir de convictions autoritaires jugées déplacées.
Pour la direction du parti, il doit y avoir deux catégories d’adhérents. L’une a le pouvoir de consulter et de distribuer l’argent, d’organiser le quotidien du corps social sous la forme de largesses aussi appelées “Dons du Seigneur”. L’autre, déjà satisfaite de pouvoir presque manger tous les jours, n’est là que pour se contenter d’obéir.
Enfin, presque.
Les enjeux de cette réunion étaient divers et variés :
- Faire admettre que tout allait bien dans le meilleur des mondes, que l’administration abattait une somme de travail dantesque, sillonnant les routes et négociant avec les Orléanais, puissants alliés de la couronne.
- Faire oublier que tous les objectifs annoncés n’appelaient aucun avis particulier si ce n’est une sorte de validation de principe. Les adhérents qui ne disposaient pas, en amont, de tous les renseignements, se sont rendu compte à quel point ils étaient écartés. Certains de leurs “collègues” ont été savamment adoubés en public par des “Comme nous l’avons déjà vu ensemble”. Vu quoi ? Quand ? Sous quelle forme ? Pourquoi tout le corps social n’est-il pas pris en compte lorsque les activités du parti sont organisées ? Pourquoi y a-t-il encore des privilégiés et des exclus ? À quoi sert un corps social divisé si ce n’est à garantir au puissant le moyen de ne jamais être déstabilisé par une masse contestataire ?
- Faire prendre quelques décisions difficiles aux présents : ouverture du parti à quelques nouveaux élus. On dit “oui”, en majorité. Mise en concurrence des élus dont la candidature n’est soutenue que par la direction. 2/3 des élus seulement sont acceptés. La méthode nous dit. Vous voyez. Nous sommes tous capables d’exclure.
L’OFP relève quatre défauts de fonctionnement :
- Il n’a pas été question avant la réunion que l’assemblée présente serait habilitée à prendre une quelconque décision.
- Le mode de décision (vote à main levée) a été imposé par la direction sans discussion préalable.
- La direction oblige le corps social à vivre ses oppositions dans un espace confiné, car il y a naturellement eu des “pour” et des “contre”.
- La candidature du dernier élu, une femme, a été rejetée, sans vote.
Ce que l’OFP a entendu au cours de la réunion et qui attire son attention :
– “On gagne du temps à voter et on évite de se perdre dans des discussions infinies” (de la part des plus proches du pouvoir).
– “Je ne suis absolument pas d’accord avec ce fonctionnement” (de la part d’autres proches du pouvoir).
– “On ne perd jamais de temps à discuter longuement surtout si la discussion démontre en cours de développement que les sujets complexes réclament une série d’étapes qui toutes ont été négligées” (de la part de membres de l’opposition).