Ce qui fait chaque jour la une de l’actualité n’est pas sans rappeler les innombrables chapitres qui s’écrivent dans l’invisibilité du lien social.
Des guerres se perpétuent, des catastrophes s’enchaînent, des crises s’inventent, des coups de projecteur s’offrent, presque sans raison apparente, à la banalité d’une vie ou d’une opinion singulière, la violence d’un discours, l’arrogance, sans pitié, le constat permanent d’une insultante inégalité. On place à la tête des institutions des hommes de main poursuivis pour détournements de fonds. Les opposants politiques : au placard. On ferme peu à peu les lieux où les citoyens peuvent débattre. On coupe les vivres à la création. Il y aura bientôt un droit autoritaire de dicter la conscience.
L’aspect abstrait d’une pensée collective n’empêche pas l’existence réelle, concrète, d’une pensée individuelle qui, elle, est riche d’être activée dans un seul et même corps, se sentant à la fois être unique, délimité par le début et la fin d’une seule vie, composante d’un flux permanent, en constante évolution, et participer à la constitution d’un tout social, que l’on voudrait solidaire et pacifique.
Il y aurait une menace, déjà incarnée ailleurs, des exemples aboutis d’un système globalement perverti, tellement éloignée dans l’espace ou dans le temps, qu’elle ne servirait d’exemple à ne pas suivre que pour figer l’opinion sur une seule voie possible, l’empêcher de s’exprimer, alertant que tout pourrait s’effondrer sous un mode “on vous aura prévenus” avant l’heure, alors que la menace qui nous intéresse est une menace virtuelle. C’est celle qui se construit dans le silence. Ce serait croire qu’il ne se passe rien quand rien n’est officiellement communiqué, mais nous connaissons les outils de ceux qui organisent la riposte, à l’abri des regards indiscrets. Nous sommes en pleine campagne électorale. Nous sommes en plein débat d’idées. Analysons ce qui s’est fait, ce qui s’est produit, et supposons ce qui se projette.
Juge au-dessus du juge. Entièreté et entité. Devoir et liberté.
À part à attiser la haine des uns contre les autres, à alimenter un climat de guerre civile, à quoi pourrait bien servir la critique de l’extrême droite dans un journal d’extrême gauche et vice versa ?
Il s’agira de ne plus se tromper de public.
Notre sujet, c’est ce qui se passe en ce moment, ici, parmi nous.
Notre sujet, c’est notre société.