Le pot aux roses

J’ai beau vouloir faire de mon mieux pour que le système fonctionne à merveille, il y a toujours quelqu’un pour me mettre les bâtons dans les roues. Depuis maintenant deux ans, je tente d’établir une procédure claire qu’il suffit de suivre à la lettre pour que tout soit parfait. Les cahiers de présences sont déposés dans vos casiers chaque veille de chaque jour où vous venez travailler. Il suffit de les remplir et de les remettre à leur place lorsque vous avez fini votre journée. Je les récupère le lendemain et, — c’est la première chose que je fais en arrivant —, je les classe par ordre alphabétique et je reporte sur un ordinateur l’intégralité des données que j’y trouve. Seulement, voyez-vous, TOUT LE MONDE NE REMPLIT PAS SON CAHIER DE PRÉSENCES, alors, j’ai été obligée, pour m’y retrouver, d’établir la liste des responsables de formation qui ne remplissent pas ce devoir élémentaire qui aide l’administration à rendre plus lisible le temps d’occupation des espaces, à évaluer des taux essentiels pour le calcul de l’assiduité, gage de réussite de notre projet commun et, — vous pourrez aisément comprendre la nécessité de cette procédure dans le cadre d’un service rendu au public avec de l’argent public —, à faire toute la transparence sur votre réel temps de présence parmi nous, surtout pour les vacataires qui, je le rappelle, ne sont payés que lorsque qu’ils travaillent EFFECTIVEMENT, avec de réels apprentis et de réels horaires.

Depuis janvier 2016, je vous informe que j’ai établi un code couleur très précis que j’applique avec une armée de fidèles stabilos.
– Orange, lorsque le cahier est correctement rempli.
– Rose, lorsqu’il n’est pas rempli.
– Vert, lorsqu’il y a quelque chose que je ne comprends pas.
Pour ce dernier cas, je vous adresse conjointement une question à laquelle je vous demande de répondre dans les meilleurs délais.

Certains d’entre vous ont déjà, depuis le début de l’année, réussi à constituer un véritable bouquet de roses.

Je ne suis pas habilitée à vous faire part des conséquences de cette faute que je m’acharne à chaque réunion de Direction à faire considérer comme aussi grave que de ne pas fermer le volet supérieur de la photocopieuse, et je laisse naturellement la Direction prendre les décisions qui s’imposent.

J’ai juste deux questions que j’aimerais adresser à l’assemblée :

QUI S’AMUSE À REMPLIR CERTAINES CASES VIDES AVEC UN STABILO BLEU ?
QUI TENTE DE DÉTOURNER LE SYSTÈME ?

Soyez certains que je serai suffisamment attentive pour découvrir le pot aux roses.