Nous en voyons arriver quelques-uns sur le pas de nos portes. Même là où nous leur avons prévu quelques places, ils ne peuvent plus entrer. Alors, ils errent dans nos rues, se cachent, ne font plus que croire en l’inespéré.
Nous remontons des filières. Nous identifions des zones-frontières. La majeure partie d’entre eux se perd dans les flots et forêts de la nature. Puis, c’est la panique. Des centaines de milliers, en mouvement. Dans des zones où la vie n’est plus envisageable. Pour des raisons que nous ne pourrons jamais comprendre. Parce qu’ils sont loin. Parce qu’ils sont morts.
Notre esprit managérial prend à nouveau le dessus.
Nous créons des organismes gouvernementaux pour mieux gérer les flux, c’est-à-dire, les neutraliser, préférant former des services de sécurité pour empêcher les êtres de sortir des territoires que nous avons tracés plutôt que d’apporter un soutien à leur déplacement.
Partout où des organismes de ce type tentent de réguler la migration incessante de l’humanité se sédentarisent, presque au même moment, — l’histoire le raconte, l’actualité le confirme —, des confrontations, de la misère, l’imposition de nouveaux pouvoirs législatifs et, de fait, de nouvelles guerres civiles.
Nous finançons des dictatures.
Nous les enracinons.
Ce que nous savons des êtres qui le subissent.
Si peu.
Qu’ils disparaissent.
De nos écrans de fumée.